Le squat, dernier refuge possible

 Depuis mi-décembre, une dizaine de sans-abri et de migrants sont logés dans un appartement inoccupé du centre-ville. Vendredi, ils ont reçu la visite d’un huissier.

 

Malgré les moulures et le beau parquet, le logement n’est pas franchement luxueux. Les minuscules radiateurs soufflants d’appoint sont parfois l’unique source de chaleur que les occupants peuvent trouver. Pourtant, le squat de l’avenue Denfert-Rochereau est toujours une meilleure alternative que la rue. Surtout lors des épisodes climatiques rudes, comme celui de ces derniers jours.

Ils sont neuf, répartis dans trois chambres, meublées sommairement : matelas souvent au sol, une table, une chaise. Certains sont là depuis quelques semaines, d’autres sont de passage. Tous ont un point commun : ils n’avaient aucune autre solution de logement. Cet appartement de 150 m² n’était plus occupé depuis plus de 7 ans, d’après le collectif Asile Besançon. Oublié à tel point que « la porte n’était même pas verrouillée ». Ils n’ont eu qu’à la pousser, installer quelques matelas obtenus grâce aux dons, et remettre le lieu en ordre pour s’y installer. « Au début, nous avons proposé le squat aux personnes dans la rue. Maintenant, ce sont les migrants eux-mêmes qui proposent aux personnes dans le besoin », explique Adeline.

Parmi les occupants, un jeune Soudanais. Seulement 19 ans et déjà deux années en France, à passer d’un logement précaire à un autre, avec un passage par Calais et un autre par Montbéliard. Sur les murs de l’appartement, des pancartes « interdit de fumer », « respecter le repos des autres », ou un texte, en plusieurs langues, qui explique comment trier ses déchets. Une autre feuille rappelle aussi aux occupants la législation, en cas de tentative d’expulsion intempestive et illégale.

« Les autres habitants de l’immeuble les soutiennent. Ils ont même appelé l’agence pour dire qu’ils ne les dérangeaient pas », affirme une riveraine. Une cohabitation semble-t-il en bonne intelligence, que le collectif souhaite voir durer le plus longtemps possible. Ou en tout cas, le temps de trouver des solutions de logement. Pour absorber les demandes, le collectif affirme avoir ouvert un second lieu d’accueil dans un lieu qu’il préfère garder secret.